Le tirage au sort démocratise-t-il la démocratie ? Ou comment la démocratie délibérative a dépolitisé une proposition radicale
Description
Le tirage au sort incarne un principe radical d’égalité absolue de tous les citoyens. Comme le rappellent de nombreuses contributions dans ce numéro de Participations, tout comme des travaux classiques (Finley, 1976 ; Rancière, 2005 ; Sintomer, 2007), le recours au tirage au sort en politique suppose de considérer si ce n’est que la compétence politique est universelle, du moins que chaque individu dispose de suffisamment de sens commun et de sens de l’intérêt général pour trancher des questions importantes. L’attrait contemporain pour ce mécanisme démocratique tient pour partie à cette radicalité : il vient rompre la naturalité de la délégation politique, déstabiliser une conception capacitaire de la démocratie et rappeler le principe cardinal d’égalité.
Le tirage au sort a connu depuis 40 ans un retour inattendu en politique, pour des raisons sociales, techniques et politiques spécifiques (Stone, 2009 ; Sintomer, 2012). Ce renouveau tient pour partie à son appropriation par les théories de la démocratie délibérative à partir des années 1990, qui ont fait de dispositifs tirés au sort les espaces centraux de la délibération démocratique. La figure de James Fishkin, à la fois théoricien politique et créateur d’un dispositif délibératif tiré au sort qui va faire florès, le sondage délibératif, est ici centrale. Non seulement son entreprise académique – dans tous les sens du terme – va connaître un essor important, mais le succès du sondage délibératif va faire de ce type de dispositif très particulier le nouveau gold standard – pour reprendre l’expression de Jane Mansbridge (2010) – à partir duquel analyser la délibération et promouvoir le tirage au sort. Nous le verrons, cette appropriation du tirage au sort par les tenants de la délibération publique n’avait pourtant rien d’évident. Elle tient à la trajectoire scientifique de certains de ses promoteurs et à des évolutions parallèles au sein du champ politique. Elle n’en a pas moins eu des conséquences importantes sur les usages contemporains du tirage au sort.
extrait de la revue Participations 2019/HS (Hors Série)
Le tirage au sort a connu depuis 40 ans un retour inattendu en politique, pour des raisons sociales, techniques et politiques spécifiques (Stone, 2009 ; Sintomer, 2012). Ce renouveau tient pour partie à son appropriation par les théories de la démocratie délibérative à partir des années 1990, qui ont fait de dispositifs tirés au sort les espaces centraux de la délibération démocratique. La figure de James Fishkin, à la fois théoricien politique et créateur d’un dispositif délibératif tiré au sort qui va faire florès, le sondage délibératif, est ici centrale. Non seulement son entreprise académique – dans tous les sens du terme – va connaître un essor important, mais le succès du sondage délibératif va faire de ce type de dispositif très particulier le nouveau gold standard – pour reprendre l’expression de Jane Mansbridge (2010) – à partir duquel analyser la délibération et promouvoir le tirage au sort. Nous le verrons, cette appropriation du tirage au sort par les tenants de la délibération publique n’avait pourtant rien d’évident. Elle tient à la trajectoire scientifique de certains de ses promoteurs et à des évolutions parallèles au sein du champ politique. Elle n’en a pas moins eu des conséquences importantes sur les usages contemporains du tirage au sort.
extrait de la revue Participations 2019/HS (Hors Série)
Auteur de cette fiche
Michel Briand
Auteur de la ressource
Julien Talpin Dans Participations 2019/HS (Hors Série), pages 453 à 473
Date de la ressource
05.06.2019
Tyoe
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Catégorie
- participation citoyenne en Bretagne