Développement de formations collaboratives : exemple d'une transformation de séminaire pédagogique à l'IFPEK de Rennes

Description de cette initiative Dans le monde de la santé, la coopération entre les professionnels de santé est une obligation pour concourir à la meilleure prise en charge des patients. Le système se tourne de plus en plus vers la prévention et vers l’exercice pluriprofessionnel coordonné. Nous avons une philosophie à l’IFPEK : si la collaboration dans les pratiques de santé est une obligation, il faut obligatoirement former les étudiants, jeunes professionnels, à la collaboration. Autrement dit, la collaboration ne peut pas se décréter à la sortie du diplôme si elle n’a pas été préparée pendant la formation.

Dans ce cadre nous avons concu des dispositifs de formation, où sans certains enseignements (comme la recherche), le cours magistral tend à disparaitre au profil de séminaires de travail, de travaux de groupe, de travaux réflexifs individuels. La période de confinement a accéléré cette transformation pédagogique (le CM classique de 2h n’étant plus adapté à la distance, ni à la demande actuelle des étudiants). Cette transformation vers plus de collaboration entre étudiants, engage aussi de faite les formateurs à travailler ensemble pour piloter ces dispositifs nouveaux (le formateur n’est plus seul à enseigner, on parle de co-enseignement). Ces dispositifs de formation collaboratifs sont pilotés par une équipe de formateur.rice.s, très sensibilisés à l’approche collective et aux méthodes pédagogiques dites actives.

Un texte repris de l'article de Yann Le Faou publié dans Innovation pédagogique
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En quoi cette initiative vous parait positive pour "l'après" ? Après un premier séminaire « méthodologie de l’entretien » en présentiel (la semaine d’avant le confinement), le second séminaire « méthodologie du questionnaire ». a été réalisé en distanciel sur 3 jours. En plus de l’espace de cours de Moodle, nous avons mis en place un espace de régulation (Framapad, synchrone et asynchrone) avec une permanence des formateurs 2h par demi-journée le temps du séminaire. Trois formateurs étaient présents pour la gestion du séminaire dans lequel étaient inscrits 220 étudiants. Pour s’assurer de la participation active des étudiants, nous avons programmé deux phases de dépôt de document (un lien avec un questionnaire web et une synthèse réflexive. Au vu de l’urgence sanitaire et de la distance, la consigne avait été donné de faire le travail en individuel, tout en laissant libre de se regrouper s’ils le souhaitaient. Finalement et au vu de l’évaluation des séminaires, les étudiants ont préféré à 90% travailler en groupe, malgré la distance.

Cette organisation collaborative renforce les pratiques effectives de coopération, vécues positivement tant du côté des étudiants que des enseignants :
"93%, les étudiants ont été convaincus de l’intérêt du travail collaboratif en interfilière." dans l'article précédemment cité
En quoi contribue-t-elle à faire cesser un "avant" non désirable ? Dans l'enseignement supérieur les compétences liées à la coopération sont assez peu mises en avant. Alors que dans le milieu de la santé, il existe des injonctions fortes à la collaboration entre professionnels de santé.
Des expérimentations comme celle-ci, imposées par la formation nécessairement à distance, sont à même de renforcer la place des pratiques collaboratives dans la formation.
Quelles sont les limites de cette initiative, qu'est ce qui la freine aujourd'hui ? Les cultures de formation des étudiants sont un frein au déploiement de tel dispositif : beaucoup d'étudiants rentrent par sélection (souvent très forte) dans les formations de santé, dans un état d'esprit un peu compétitif, mais cela tend à changer avec l'ouverture des numerus clausus en santé.
Nous observons tout de même une levée progressive de ce frein depuis un ou deux ans (disparition de cet effet "concours") avec une envie réelle des étudiants pour travailler en collaboration entre filières différentes.
Un autre frein existe aussi : celui du manque de connaissance des enseignants et formateurs sur les possibilités d'apprentissage offertes par un travail de groupe. Il est aussi souvent mis en avant un manque de formation aux outils de la formation à distance et au travail collaboratif. Ce manque de connaissance bloque l'accompagnement par les formateurs d'un tel dispositif.
Il existe aussi souvent une peur du formateur de perdre une part de son identité (la part lié à la transmission de connaissance) dans un dispositif où il n'est plus "visuellement" au centre de cette transmission (alors qu'il a tout conçu en amont de l'ouverture du séminaire).
Quels sont les leviers, les choses qui facilitent cette initiative aujourd'hui ? Ce type de travail en séminaire de groupe à distance peut trouver sa place dans un contexte de travail plus formel : une résolution de problème dans un projet d'entreprise, dans une association.... dès qu'un problème posé demande une réflexion de groupe.
La mise à distance sur un temps long (quelques jours) permet le développement de la créativité sur le problème rencontré.
Cela permet aussi à plus de personnes de proposer un avis/une solution (chacun pouvant se connecter à des moments différents, en fonction de son organisation, de son pic de créativité....), Cela augmente le niveau de participation / consultation dans l'entreprise.
La production intellectuelle collective n'est plus contrainte par un temps (temps de réunion) et un lieu (salle de réunion).
Nom de l'acteur IFPEK
Auteur de la fiche Yann Le Faou
Type d'acteurs qui propose cette initiative Association
Echelle d'action Groupe - Communauté
Ville Rennes
Comment contacter cette initiative? https://www.ifpek.org/
y.lefaou@ifpek.org
Précisez des mots clef pour cette initiative enseignement supérieur, collaboration interprofessionnelle, étudiant
En complément : lien vers la communication réalisée au Colloque Question de Pédagogie pour l'Enseignement Supérieur (QPES) en juin 2019 à Brest
Communication sur la question de formation à la collaboration : "Apprendre aux étudiants paramédicaux à collaborer : dynamique et continuum de pratiques collaboratives dans un dispositif de formation." Cette communication n'intégrait pas encore le notion de distance, mais posait les bases de la formation collaborative entre étudiants.
[[https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02290378 ]]